Par Yves St-Jean

La Chronique d'hier à aujourd'hui

 

1971

La Javelin Penske de Donohue

Mark Donohue

La Mustang que Richard devait piloter

La nouvelle Camaro Z28 Todco Racing piloté par Richard

La Camaro Z28 Todco Racing et Richard à Bryar

La lettre reçue signé par Mark Donohue

La corespondance et le contrat pour la saison 1971 avec Bud Moore Racing

1972

La Camaro aux couleurs Sunoco à Trois-Rivières

À la poursuite de Mo Carter

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1971: Seulement 25 000$

Depuis 1969, Richard a évolué sur beaucoup de circuits américains et a aussi côtoyé et compétitionné avec les plus grands noms de la série. De plus, pour faire partie de ce clan très sélectionné, il fallait se faire voir et être respecté de ces pros. Dans les médias, on ne parlait que de ces derniers. Il était très rare qu’un journaliste parlait des exploits des pilotes de milieu et d’arrière de peleton et pourtant, il y avait beaucoup d’efforts faits afin d’être à la hauteur. Richard avait le talent et avait ouvert les yeux à plusieurs personnes autour de lui mais le manque de moyens financiers était toujours la source du problème. En tant qu’homme d’affaires avec une belle et forte personnalité, il recommença à faire de la sollicitation auprès de compagnie et de multinationale pour se refaire un budget.

Entre-temps, les manufacturiers se retirent de la série, les uns après les autres, sauf Américan Motor avec les trois ans de contrats chez Penske. Une association avec Roy Wood Racing et Penske donne le résultat de trois voitures inscrites pour la marque; Ford s’était aussi retirée avec le championnat en main suite au succès de Jones et Follmer avec l’équipe Bud Moore. Par contre, l’équipe gagnante, avec le support de commanditaires privés, décide de poursuivre l’aventure avec Parnelli Jones et un second pilote de talent qui pourraient apporter quelques dollars afin d’aider au développement des nouvelles voitures.

Bud Moore recherchait un pilote de talent qui apporterait un appui financier et rapporterait de bons résultats. Il fallait que le second pilote puisse monter sur le podium tout en ayant une attitude qui plaise à l’équipe. C’est alors que Richard envoie, pour Bud Moore, une demande à Jim Cook Associates, une compagnie qui s’occupe des contrats et de l’aspect légal.

Le 24 février 1971, Richard reçoit une lettre et un contrat officiel de la part de Moore l’invitant à se joindre à l’équipe Mustang avec P. Jones pour l’année 1971. «J’ai obtenu d’ailleurs une copie du contrat qui stipule les conditions des deux parties, incluant des clauses impliquant le montant de 75 000$ pour la saison payable en quelques versements dont le quart avant le 15 mars ». Tout est en marche pour faire partie de l’une des meilleures équipes qui participera à toutes les épreuves de la série 1971. Le 12 mars, les deux parties se sont entendues et même P. Jones est très heureux de l’avoir comme co-équipier et Jim Cook demande au groupe Brown de faire parvenir des documents nécessaires pour fabriquer les cahiers de presse à ceux qui sont associés à l’équipe. « Je vais arrêter ici le suspense »

Richard malgré ses efforts, aidé de ses amis et de ses collaborateurs, ne parviendra jamais à réunir la somme manquante de 25 000$. Le deuxième pilote en liste, Peter Gregg de la Floride, pour avoir le volant de la Mustang, avait le « cash » mais moins d’expérience avec ce type de voitures puisqu’il était pilote de Porsche et avait déjà monté sur le podium, à plusieurs reprises, avec cette dernière.

Imaginez la déception de Richard… pour quelques dollars son rêve s’est éteint. La saison avance et Richard reçoit un coup de fil de John Todd lui demandant de devenir le pilote de la voiture qu’il prépare pour Don Duncan, une nouvelle Camaro fraîchement sortie de son atelier, c’est la deuxième fois que Todco vient en aide à un ex-pilote de l’écurie Gagnon, après Fisher c’est au tour de Brown. La proposition est acceptée mais l’équipe n’est plus aussi imposante qu’elle était en 1969 et 1970 ou l’on faisait rouler de deux à trois voitures. L’année 1971 a vu seulement quelques courses. Même à Trois-Rivières, où il a toujours excellé, Richard a du se contenter d’une ancienne voiture de l’équipe, pour l’occasion, et laissé son volant à des pilotes « payants » pour garnir les coffres de l’équipe Ces pilotes ne réussirent même pas à finir l’épreuve à la position que Richard aurait pu normalement terminer. Les résultats pour Richard, en 1971, furent décevants et pourtant le début était si prometteur suite aux négociations avec un « top Team »

1972: Un dernier tour

La série Trans-Am s’essouffle et fut même écourtée lors de cet événement, il ne restait que le Roy Wood Racing qui représentait American Motor comme équipe de manufacturiers, les pilotes avaient de bonnes voitures rachetées des équipes officielles et semi-professionnelles comme Todco ,Carter, Agor et Tope qui étaient devenues des équipes de premier plan. Pour Richard, la voiture était meilleure et mieux préparée, les résultats obtenus étaient encourageants, avec une sixième et cinquième places avant d’arriver à Sanair, course finale de la série.

Le team Red Wood déclarait forfait jugeant la piste non sécuritaire mais une trentaine de voitures étaient au départ. Richard était troisième derrière Warren Tope, sur l’ancienne Mustang de Follmer et de l’ex Javelin de Mark Donohue, conduite par Bill Collins, et malheureusement Richard touchait le garde de sécurité avec la roue arrière gauche, un joint d’étanchéité se mit à fuir et ce fut la fin pour l’équipe Todco. Richard a finalisé son année avec une victoire au Grand Prix de Trois-Rivières, face à son éternel rival, Moe Carter… ce qui terminait la saison.

Un petit détail que Richard m’a raconté; tout le monde croyait que la Camaro était commandité par Sunoco Canada, mais en réalité c’est un ami de Don Duncan qui possédait une station de service Sunoco, dans l’ouest de Montréal, qui fournissait les produits de lubrification et pétroliers à l’équipe, ce qui était bien apprécié mais pas comparatif à une commandite majeure de la pétrolière Sunoco. Par la suite, plusieurs pilotes ont réussi à franchir l’étape que Richard a manquée pour quelques dollars. Ce sont les Villeneuve père et fils, Richard Spenard, Bertrand Fabi, Patrick Carpentier, Alex Tagliani, etc. qui ont réussi des exploits hors-Québec et du Canada. Richard s’est retiré de la compétition peu à peu, il a été co-équipier de son ancien adversaire Moe Carter, à quelques reprises, lors d’épreuves d’endurance telles qu’à Daytona et Sebring mais rien de remarquable.

Ayant été l'une des premières vedettes d'ici, les Amis du Grand-Prix de Trois-Rivières ont intronisé Richard au Temple de la Renommée du Grand Prix de Trois-Rivières en 1998. Lors de cette cérémonie une belle plaque pour ses 5 victoires au fil des années lui a été remis. Il faut dire que Monsieur Brown a marqué l'histoire du Grand-Prix avec 5 victoires, une 2e position et un abandon en 7 particpations.

Voici un de ses bons souvenirs du Grand-Prix de Trois-Rivières:

"Je me souviens en particulier de 1970 avec la Camaro Export " A ". Nous avions participé à la course du Canadian Touring Car et à la Coupe du Maire lors du même weekend pour finalement gagner les deux courses.

Mon mécanicien était Gérald Marin avec qui j'avais une belle complicité. Il était tellement compétent et totalement dédié pour obtenir des victoires.

Il m'avait dit lors de cette fin de semaine de 1970 avant les courses du Dimanche: " Dic,k j'ai commandé deux carrotes (drapeaux à damiers) pour aujourd'hui". Et je lui avait répliqué: " Gérald, tu as travaillé assez fort toute la semaine, je vais aller te les chercher". C'est exactement ce que nous avons faits..............Ahhh, la belle époque!!!

Insères ca dans l'article si tu veux bien........en mémoire de mon ami Gérald."

Si Richard a marqué l'imaginaire de plusieurs jeunes de l'époque par ses exploits, son plus grand Fan fut son frère Mark. Voici ce qu'il nous a fait parvenir:

Fan, comme ; fanatique et sans aucun doute

La plupart des gens diront ; "Parce que c’est ton frère que tu dis cela," mais non.
J’ai toujours eu confiance et j’ai toujours su qu'à "matériel égal" (voiture égal), qu’il pouvait battre n’importe quel pilote. Même les Mark Donohue et Parnelli Jones.

La raison est simple, il était tellement déterminé et agressif qu'il n’avait pas peur de rien. La vitesse était en lui une seconde nature et le talent à manier une voiture dans les virages était insurpassable. Il avait la "rage" de battre l’autre en avant de lui, sans merci.

Mon expérience avec lui comme passager dans ses multiples bolides de rue ; Camaro Z 28, Trans-Am et autres, mon prouvé au fil des années que personne ne pouvait être plus vite que lui. Rouler à 120 milles à l’heure sur la route, (pas prudent) je n’ai jamais eu peur. J’avais confiance, une grande confiance. La preuve il n'a j’amais eu d’accident. Il avait la maîtrise totale.

Imaginez voir son grand frère faire de la course automobile connaissant son talent et sachant qu’il avait des chances de gagner était pour ainsi dire des plus exaltants, des frissons plein le dos.

J’ai presque assisté à toutes les courses qu’il a participées. Seul les courses trop lointaine comme Vancouver, m'ont empêché d’y aller.

Les courses étaient une raison de vivre sinon notre raison de vivre. Il n’avait rien de plus excitant, de plus exaltant, que de voir un départ de Trans-Am. Croyez moi, la beauté des voitures et le son qu'elles émettaient était de la musique pure.

Malheureusement la course automobile à des contraintes comme tout autres sports ; les bris mécaniques, le budget, la chance et la malchance.

Je suis certain que si l’embauche de mon frère chez Bud Moore s’était matérialisé, il serait devenu une vedette internationale comme Mark Donohue, l’un des plus grand du temps. Comme l’expression anglaise ; ‘’The good die young.’’

Comme dit Serge Reggiani dans sa chanson ; nul ne repasse par sa jeunesse, mais les souvenirs, les grands souvenirs, eux restent.

Quelles belles années !

Fan # 1 comme fanatique.

Mark Brown

Je tiens à remercier Richard Dick-Brown pour le temps qu’il m’a accordé pour me raconter et me décrire tous ces événements. Pour moi, ce fut un moment magique puisqu’on venait de brasser ensemble beaucoup d’émotions, de nostalgie, de passion et de beaux souvenirs de jeunesse. Aujourd’hui, Richard est toujours un homme d’affaires avec le même charisme, il est devenu vice-président pour un groupe de marché de capitaux dans une firme siégeant sur la rue Université à Montréal et ses moments de loisirs se passent entre Québec et la Floride.

Merci Richard pour cette page d’histoire concernant le sport automobile du Québec.

Suite à la présentation du texte à Monsieur Brown pour approbation, voici ce qu'il a répondu à notre chroniqueur, Yves St-Jean:

Bonjour Yves, j'ai pu lire le texte au bureau ce matin.

Félicitations, tu as très bien su rédiger le récit de mon histoire de course automobile. Elle reflète bien mon état d'esprit de l'époque ainsi que ma grande détermination d'ultimement piloter une voiture d'écurie T/A
Tu peux y aller sans réserves, le texte est a 99.9% de la réalité.

Dernièrement, je tiens à te remercier de m'avoir communique pour ce projet et je souhaite une longue vie au site Autocourse.ca.

Richard "Dick" Brown.

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